Printemps

Un jour quelqu'un d'hier
Attendra devant ma porte
Arrimé comme une raison de vivre

Veille de printemps

Ces moments où on rentre chez soi ni comme ci ni comme ça, comme on peut, au radar, plongé dans une histoire sans passé, ni présent, juste le moment suspendu-substantiel, perte d’identité, du vécu, du rêvé, exit la pensée d’où on vient où on va, mais au creux du ventre des lueurs qui brûlent, braises de flammes. On se sent feu follet ou de paille, lancé en torche humaine dans une vie qu’à l’aune de sa vie on devine bien brève. Bolide lancé dans Paris. Embrasé, l’avenir éclaire les défis qu’on n’a pas su relever, ceux qu’on n’a pas su dire, ce qu’on a du subir, murs quand on se sait seul parce qu’on est responsable. Ces moments où l’on touche l’espace d’un instant qu’on relègue, l’absolue solitude. Aspirer à respirer alors dans une forêt ou au bord d’une plage, à mesure retrouver tout ceux qui en soi ont creusé un sillon d’existence.

Sieste

Poser la tête sur une pierre d'ombre
Noyer le regard à une chapelle rose

Au son lointain d'une tondeuse
Elaguer les souvenirs
Délicatement
Comme on effeuille une rose

Ecouter mûrir les oliviers au ciel
Zébré du ronronnement feutré de l'avion
Panser quelques plaies
Délicatement
A la plume d'une lumière sur sa peau
Rose

Au creux d'une bulle chaude
D'un après-midi méditerranée
Noyé de sieste
S'absenter du monde
Juchée sur une seconde
Rose

Repousser les remugles d’hier, nourrir pourtant profondément chevillée l’expérience, ses trois petites notes de musique qui s'en vont faire un tour et ses trois marches vers le noir, des mains interroger toujours la substance du noir.
Savoir parce qu’on nous l’a dit qu’on va vieillir, pas mourir et retrouver la nécessité d’écrire pour évincer le flot d’images et de mots qu’on garde parce que dire c’est percer l’armure.
Et toujours les mêmes thèmes, souffler dessus comme sur un pissenlit avec le vœu de ne pas les voir revenir.
Ecrire pour se cacher derrière les mots et les belles formules et le je maîtrise, vous avez vu, c’est beau, c’est bien dit, c’est creux, ce n’est pas moi, mais avouez que c’est bien tourné.
Cynisme.
Vivre sans éprouver demain ni projection autre que de plein fouet sur un mur, avec pourtant profondément chevillée la loi d’une relativité tissée d’hiers.
Etre adulte, porter des j'ai déjà vu et le cœur gros qui a vécu jusqu’à la moindre fibre du ventre et la certitude théorique qu’on va crever, aussi parce qu’on a enterré depuis.
Garder pourtant chevillée comme une raison d'être la capacité de s'émerveiller.
Marcher à leurs côtés pas avec eux.
Etre adulte surtout pour ne plus être le gosse qui croit qui tombe qui dit, laisse son jouet , blesse.
Savourer la douceur d'un bonbon en oubliant qu'il peut se transformer en projectile.
Balancier en soi du moi à protéger parce qu’hier, mais hier quoi, hier est soi jusque dans la moindre fibre du ventre. Soi sans importance dés qu'on l'ouvre, morceau de soie dont on peut goûter la douceur et pas seulement la couture coupante. Justement.
Et le tu auquel on ne parvient pas à se dire, alors qu'on se sait dans ses recoins, ne pas parvenir à montrer les contours sans pointer du doigt le flanc sur lequel frapper.
Un jour sauf à mourir avant mes textes ouvriront sur il était une fois.

13 mai- Vacance(s)

Il ne faudra pas revenir
Toutes les jolies chansons fleurent le souvenir
Voguent nos corps au monde
Divaguent les âmes seules
Au coeur des rondes urbaines
Se gavent de chaleur

Les mots ont tari ta lueur
Sifflé ta présence évidence
Nos phrases sans paroles
Dans des lits sans draps
Lointaines danses folles
Se ruent en ma mémoire
Comme dans un chapiteau
Etoiles aux ciels des insomnies
Oh la belle bleue, oh la belle verte

En ma pupille les nuances de vos élans

Mon regard strates de vous et des temps
S'effile à la meule des hommes
Se détourne de tous les néants
S'ouvre chaque matin quérir un jour nouveau
Le coeur se camoufle, s'érige en pont-levis
Mais c'est sous la neige qu'éclora le vert tendre

9 avril

Je ne déclare pas ce blog fermé
Car j'y reviendrai
A ceux qui s'inquiètent: je vais bien mais...
Comme beaucoup, j'ai un travail
Comme pour beaucoup, en ces temps, mieux vaut le garder
Un peu.

11 mars

J'extirperai l’intérieur de mon corps des estomacs graisseux de peurs et des coeurs galvaudés de roses. Extriperai par la bouche des tas d’organes ficelles en centaines de mots, cordes de l'anche d'un saxo et toutes les notes de ma vie, clés et bémols, sourdines ou fortissimo, s’accrocheront pauses et rondes à tous les atomes de mes tripes jusqu’à ma peau, tissus de mémoire ridés d’espoirs. Suffit que tu cognes ta tête au verre de mon existence pour me donner le la.

23 février

Lorsque la pluie fine floute les contours
Apaisant la danse et le tournis des heures
Je vous vois avancer frêle silhouette d’eau
Cette voix de coton où je tapis mes nuits

La neige du matin qui cueille mon sommeil
Embrasent les mots en bribes que vous m'avez laissés
Et vous n'êtes plus qu'un

17 février

Une requête de l’absence
Silence sans appels
En douceur tirer la porte
De l’appartement vide
Sur les lattes de l’existence
Monologue ma mémoire
Cartons d’âmes fermés
S'annonce l’heure de déménager
Et de remettre le pied
A l’étrier du cœur

11 janvier - Laver

J’aimerais marcher dans ta chanson, laisser aller mes pensées le long de ses pulsations, s’il te plaît je voudrais aller à Bahia. A Bahia peut-être pas, plutôt la saison des pluies dans les rizières et tes eaux vagabondes. Au creux d’une nature moussée de vert, j’allongerai mon corps sur une planche de bois, rite d'offrande. J’ouvrirai grand les yeux d’abord en fixant le ciel jusqu’à ce que son coton blanc teinte ma pupille. La pluie s’engorgera dans mes paupières comme à Paris les larmes dans un caniveau. Alors je les fermerai et écouterai la pluie s’affaler sur les feuilles, ruisseler en pinceau esquisse du monde, je guetterai de tout moi la pluie se heurter sur ma planche de bois. Et puis je laisserai se hisser dans mes précipices les odeurs exhalées par l’humidité, bouquets de paysages méconnus comme autant de possibles. Gorgée de nouveaux mondes où peut-être..., je goûterai la pluie tiède sur ma peau. Je goûterai ton caresse-moi. Je la laisserai me piquer, filtrer le long de mes bras, imbiber mes cheveux, déborder de mes yeux, m'immerger. Je resterai là des heures rythmées par son pouls salvateur, celui de ta chanson, je resterai là jusqu’au naufrage de mes frontières. Jusqu’à ce que mon corps ait la douceur du sable pour couler serpent au monde. Je me redresserai lavée des histoires des hommes, l’âme polie comme un galet.

6 janvier

Il me demande ce qui me fait le plus peur. Dehors, il neige vraiment. Je lui réponds la mort des miens, douleur sans frontières. Demain, ça glissera dehors, peut-être devrais-je renoncer au scooter. Il m’interroge sur ma propre mort, je lui dis que je ne la crains pas, sans doute parce que je n’ai pas suffisamment grandi pour l’envisager. J’allume une cigarette. Demain sera toujours mieux. On fera une bataille de boules de neige. Demain, ça glissera dehors mais il faudra aller travailler. Demain c’est tout à l’heure, si loin parce qu’il me demande. Si ce qui compte c’est aimer. Oui, quelqu’un, plusieurs, un projet, un livre, un oiseau à ma fenêtre, le regard fissuré de tendresse d’un chat. Cela faisait bien longtemps que demain ne m’avait pas semblé si loin. Bardamu a connu ce froid qui règne dehors et il l’a gardé en lui. Tu me demandes encore ce qui me fait souffrir. L’incompréhension, la mienne devant toi ou devant le monde, la vôtre, la tienne, l’incompréhension est pli de l’impuissance. A mesure que la neige recouvre Paris, ta présence s’insinue en moi, chez moi et je songe à ceux qui dorment dehors. Le monde est vaste, dit-il, non, le monde a mes limites, le jour où je fermerai les yeux il disparaîtra. Il y a deux ans déjà nous avions toi et moi parlé longuement durant la nuit. Une nuit d'hiver aussi. Doucement pour ne pas froisser le sommeil des autres, ceux qui roupillent sans se douter que non loin s’échappent des secrets. Confidences ouatées d’une ville assoupie. As-tu déjà connu la mort ? Oui, elle a plusieurs visages. Je lui demande si je devrais régler quelque chose à l’issue de cet échange. Il me répond non j’aime t’écouter parler. Il dit je, moi aussi. Et la solitude, interroge-t-il. Alors, je mens, tout ne se dit pas. Il est des contrées qu’on n’a pas explorées suffisamment loin encore pour les délimiter de mots. Ou trop sauvages. J’ai eu la grippe tu sais, dans la fièvre, j’ai revu ton visage. J’ai eu la grippe, j’avais froid tout le temps, mais il fallait sortir tout de même faire des courses. Demain matin, tout à l’heure, je me dirai que j’ai rêvé. Comme toujours. Il me demande si j’ai déjà écrit seulement pour dire ce que je suis. Non, je ne veux pas. Je rêve d’écrire mais n’écris pas pour de vrai. Je ne suis pas des mots. Pourquoi alors ? Pour maintenant par exemple, pour que ta voix franchisse l’aurore. La tour Montparnasse a disparu dans la neige. Hugo s’est transformé en monstre. Non, Hugo était marionnettiste de tous ses personnages, il ne les a pas investis, ne s’y est pas mis en danger. Il en a fait des êtres autonomes. Mais je peux te parler d’autres, j’en lis un en ce moment justement qui… T’ouvrir des poèmes ? Je ne lis pas tu sais bien, lis-moi toi quelque chose de toi. Il fait noir, je ne vois rien, je ne veux pas allumer. Sur mon ordinateur alors, je te lis la première page de Sur le Fil, j’aurais pu te lire un poème que j’ai écrit sur toi et la place Vendôme. Tu m’as laissé un des mes plus beaux souvenirs. Mais tout ne se dit pas. J’aime la vie pour ces moments surprenants où tu surviens quand je ne t’attendais pas. Tu as écrit un livre et l’as fini hier. A l’autre bout de quelque part, ta voix ravive tes yeux verts. Tu sais, j’ai changé, je peux maintenant soutenir ton regard. C’est que, à l’aune d’autres yeux et de vieux souvenirs, j’ai sondé depuis la profondeur de mes faiblesses. Et des joies en feux. Je ne joue plus joues-tu. Je ne te crains pas, je voudrais… mais j’aimerais ne plus parler et si je te revois, je saurais te dire.

16 décembre

Ma pensée bruisse
Langue vague
Lénifiée de janvier
Se largue molle
Sur la plage
Supplie le sable
De la garder

S’étend en moi
La lande de l’hiver
Mon animal s'endort
Sur un fil de gel
Glissent mes lucioles d’été

Silencieuse
Chaque jour est nuit
Où le ciel est blanc

27 novembre - Réveil

Ce matin, j’ai été éveillée avec la chanson que j’aurais précisément choisie si un quart d’heure plus tôt le dieu du réveil m’avait interpellée dans mon sommeil pour me demander : « dis-moi, il est bientôt temps... avec quelle chanson aimerais-tu émerger au monde merveilleux de la conscience ? ». Plus incroyable encore, le réveil s’est allumé à la minute même de la première note de cette chanson. Enfin, encore plus incroyable (si, si), il s’agit d’une de ces chansons que l’on connaît comme un voisin de palier, familière mais sans nom, sans étoffe mais légère comme un "bonjour, bonne journée", de sorte que, en fait, si plus tôt le dieu du réveil m’avait interpellée dans mon sommeil pour me demander « dis-moi, il est bientôt temps... avec quelle chanson aimerais-tu adoucir ton atterrissage dans le monde de la conscience ? », jamais je n’aurais pu lui désigner précisément la chanson que je voulais car elle n’existait pas avant que mon réveil la joue. Peut-être en est-il de même avec les voisins de palier. J’ai constaté en tous cas que dans mon immeuble, mes voisins semblent partir sans jamais revenir : l’ascenseur est toujours au rez-de-chaussée. La morale de cette histoire serait alambiquée d'abord parce qu'il n'y a pas d'histoire.

25 novembre- P'tit peu colère

Dans une boîte grise
Mes heures séquestrées
Par des murs de néon
La vie la mienne pas la vôtre
Est-là dehors en bas
Et là à l’intérieur de moi
L’âme ne se rive pas
Aucune de vos lances
N’entamera mon silence
Mes pieds s’empêtrent
Dans les entrelacs
Noués là sous mes pas
Ce ne sont que mes pieds
Ma pensée, elle, avance
Chacun de vos pièges
M’alloue de l’importance

Je pourrais bien ici
Finir misanthrope

Vous n'êtes que des hommes
Mais ce serait vous donner
Beaucoup trop d’importance
Et vous faire exister

Alors que là-bas
Sans doute un ours naît-il
Qui m’y attendra

19 novembre - Douceur

Sur le chemin d'un rêve
La nuit dernière on m'a donné
Un baiser vibrant de douceur
En mon âme je l'ai posé
Cailloux du petit Poucet
Jusqu'au matin je l'ai gardé

15 novembre - Essence

Lécher le goulot
Des vies des autres
Ourler les bords de l’âme
De leurs gouttes d’essence
Se réchauffer, se brûler

Ou se jucher dessus
S'oublier, flotter au monde

Comme à la première seconde

13 novembre- Voilà c'est là

Gentes dames et damoiseaux, annonce faite sur cette place publique : j’ai enfin une nouvelle maison !
Elle n’est pas en carton.
Elle est d’un bordeaux couleur vin et ses boiseries sont chaudes.
Elle est pensée dans ses moindres détails et toute chose y trouve une place.
Dans la cuisine, la petite lumière de la hotte tisse des rideaux autour de mes gestes et concentre, comme un projecteur de cinéma, la confection de plats en un moment unique.
Il y fait doux et grand jour même sous le ciel de novembre.
La nuit, les lumières s’y tamisent.
Je crois qu’il fera bon y écrire.
Au matin, plus de voisins bruyants, mais le pépiement des oiseaux.
Des voisins, je n’en ai d’ailleurs pas, sauf en dessous.
Je n’en ai même pas en face, finie la fenêtre sur cour, si bien que je peux même me balader toute nue (et wééé)…
La rue est pavée et agreste. Il y a tellement peu de bruits que je résiste à la tentation d’ouvrir les fenêtres et de crier : « y a quelqu’un ?! ».
Pourtant je suis au coeur de Paris.
Dans la salle de bains, il y a un radiateur spécifiquement dédié à l’accueil des serviettes.
L’entrée de l’immeuble fleure bon.
Juste en bas, il y a un grand parc, mes fenêtres ouvrent sur ses arbres et sur le sifflet du gardien le soir à 17h.
Je suis au dernier étage, la pluie et le vent seuls marchent sur ma tête.
Le ciel est grand ouvert. Je peux m’allonger (entièrement !) et regarder courir les nuages ou le faisceau de la tour Eiffel.
Je vois aussi la tour Montparnasse et le Panthéon surplomber toits gris et cheminées fumantes.
Je suis un peu étonnée de me voir là. Je me dis, tiens, que font donc mes affaires ici ? C’est chaud, c’est grand, c'est calme, ce n’est pas chez moi. Mais je vais m’y faire, Ratatouille, lui, s’y est vite senti comme chez lui.
Ah et puis aussi, j’ai une vraie chambre (si, si) avec un dressing à faire pâlir les copines.
Cet appartement, je le regarde, on se jauge. C’est un écrin douillet et je me demande de quels souvenirs, moments et visages je vais le peupler.
Je vais commencer par essayer d’être plus souvent chez moi.
Bien sûr j’ai quitté le quartier où je sortais, dînais, que j’aime et où sont mes amis, mais enfin j’ai un cheval d’acier et eux ont des jambes.
En tous les cas, pour arriver là et poser mes valises (minute d’émotion, tention), je remercie mes amis, Nadège notamment qui m’a nourrie et hébergée, ma famille et celle éloignée qui m’offre la possibilité de ce logis. Monsieur Georges aussi qui d’un bras d’un seul a soulevé l’ensemble de mes cartons, les a hissés sur un tapis magique et les a déposés là.
Et bientôt, un jour peut-être, pourrai-je remercier Free d’avoir déposé chez moi un œuf qui m’ouvrirait les portes d’Internet à domicile.

3 novembre - L'actu cruciale du jour

"Consommer des cacahuètes jeune prévient des risques d'allergie
Publié le 03 novembre 2008 - 09:46 (ici: http://www.larep.com/bien_etre-7677.html)

Les enfants qui ne mangent pas de cacahuètes durant leur petite enfance ou enfance ont 10 fois plus de risques de développer une allergie à cette arachide, que ceux qui y ont été exposés, d'après une étude publiée dans l'édition de novembre de The Journal of Allergy and Clinical Immunology.
Les chercheurs ont comparé l'incidence de l'allergie à la cacahuète parmi des enfants aux données sur la consommation de cacahuète provenant de mères d'enfants âgés de 4 à 24 mois."


Absolument!

31 octobre - Coup de vent

Ce soir c’est le coup de vent froid. Il arrive parfois, je le connais. Il s’abat par surprise, il est sombre, effilé, il dévaste les certitudes, arrache ces minuscules branches dont j’étais fière. Après il faut tout refaire. Il a dans son souffle des notes et des bribes d’instants fétides, il fait vaciller en déroulant sous les pieds un tapis de néant, sa cagoule couvre des yeux clairs, il glace les sourires, pétrifie les rires, sort de ma bouche des mots que je ne voudrais pas dire. Il fait le vide autour de moi à mesure qu’il emplit mon esprit de gouache noire. A mesure qu’il emplit ma tête des questions sans réponses des cours de philo. Il vient des montagnes, là-bas dans l’âme, il vient des montagnes des hommes, des montagnes du monde, poussé là jusqu’à moi par un tas de petits moments amoncelés, un tas de poussières que j’aurais dû cracher. Elle pique les yeux, chatouille les mots tassés là dans la gorge. Il arrive parfois, je le connais, vous aussi, il reviendra toujours. Et c’est pour ça qu’on en parle pas, parce qu’on sait qu'il passera et qu'on ne va pas en parler chaque fois, non ? Je l’éconduis seule, par ma propre chaleur. Ma victoire c’est de ne jamais le laisser devenir rivet à mes paupières. C’est un coup de vent froid, c’est mon mistral gagnant, une chanson toujours si près de moi.

26 octobre - Mon père

J'ai écrit ce texte il y a quelques mois et comme j'ai peu de temps en ce moment pour en écrire de nouveaux...

Mon père ce sont mes traits, mes lèvres et deux sillons qui encadrent mon sourire.
Mon père ce sont mes emportements, l'intériorité magma, ma dureté affichée, mes jugements incisifs mais il faut bien trancher pour avancer.
Mon père s'il était un mot serait générosité.
Mon père c’est une famille romanesque digne des Rougon-Macquart.
Mon père c’est on prend les deux, à condition qu’on les appelle Chat et Pacha.
Mon père ce sont mes bleus de ciel, de mer, à l’âme lorsque l’intégrité est identité éraflée.
Mon père ce sont mes blancs de la page, des façades à la chaux et du déracinement.
Mon père c’est l’or du soleil et du sable, l’ocre de la terre remuée, travaillée, celui de son visage et de mon chemin.
Mon père c’est les chats de Tunis, de Sousse, de Paris, tous ceux que je croise, ceux qu’il aime et qu’il enterre.
Mon père c’est mes heures de sieste et la brise fraîche qui joue avec les rideaux d’une chambre d’été.
Mon père c'est le feu de cheminée.
Mon père c’est au moins trois vies, la sienne vécue, la sienne qu’en lui il pétrit, la mienne.
Mon père c’est la troisième partie de ma thèse et quelques auteurs de polar.
Mon père c’est les colères en impasses, le grand écart entre les extrémités, les gestes retenus, les maux en mots tus.
Mon père c’est les amis perdus parce que l’essence est éphémère et qu'aucune liberté ne se conquiert sans morts.
Mon père c’est mon enfance en bribes salées et les instants du présent qui saisissent, traversent et laissent coi.
Mon père c’est mon premier lecteur et mes premiers écrits.
Mon père c'est ma peau sensible au rasoir de la vie.
Mon père c’est le silence, la maladresse de nos présences mais c’est l’évidence.
Mon père c’est quelque chose qui s’est apaisé ou résigné, toujours éruption brûlante en moi.
Mon père, il paraît qu'il faudra le tuer, mais personne ne se coupe une jambe.
Mon père c’est l’affection en gestes et en attentions, mon élan vers l’écrit pour pallier l’impossibilité de dire.
Mon père, et il me le rend bien, je l’aime père, homme, je l'aime être et c’est l’occasion de le lui écrire.

20 octobre - Silence

Les gouttes coulent sur la vitre
Etiolent les lumières de la rue
Lueurs mouillées balbutiantes
En sanglots se mélangent sur
La palette barbouillée du peintre

Les pneus glissent sur l'asphalte
Déplient le foulard de soie
Au rythme de leurs soupirs
Dodeline ma pensée

Ce pourrait être Rome, Tunis ou bien Paris
Toute ville connaît ce moment
De monde somnolant
Palpitations faibles au poignet
Entre aujourd'hui et demain
Mort et vie
Monde en paix

Dans la cafetière les gouttes de café
Lourdes d'une vie perfusée
Peinent à tomber, plombées de marc
Balles saturées d'une aube à venir

17 octobre - Question du jour

Je m'interroge actuellement sur une question cruciale d'orthographe.
Parfois, on pense à des choses et un stylo intérieur écrit le scénario de la pensée, non?
Exemple: si je m'interroge sur le menu du midi, je ne vois pas une pizza, non. Je vois sous mes paupières en pages une plume écrire, lettre à lettre: "qu'est-ce que je vais manger à midi?".
De fait, soudain, des questions d'orthographe surgissent qui supplantent la pensée première.
Exemple: hier je chantonnais, "ta maison est en carton, pirouette, KKhuuueette" (oui, oui, ça s'écrit comme ça KKhuette dans la chanson) et soudain je pris conscience que durant toute ma vie cette chanson n'avait révélé qu'un sens: ta maison est en carton et pas en briques (comme pour les petits cochons et le loup).
Mais en fait, il est également possible que ta maison soit en cartonS! Dans des cartons quoi.
Bien sûr le "tes escaliers sont en papier" qui suit, laisse penser au carton matière et non objet. Mais bon, les escaliers en papier ni les maisons en carton n'existent (même les trois petits cochons n'en ont pas, ni Gulliver, ni Tom Pouce ni personne), tandis que les maisons en cartons arrivent à beaucoup d'entre nous.
Je propose donc l'écriture universelle suivante pour que cette chanson exhale enfin tout son sens:
" Ta maison est en cartons
Pirouette KKhuette
Tes escaliers sont en pas pieds"

Pirouette KKhuette

15 octobre- En ce moment...

En ce moment je regrette d'avoir:
- moins de temps pour écrire
- moins de temps pour vous lire
- moins de temps pour vous écrire
- moins de temps pour publier vos commentaires
- moins de temps pour y répondre

Cher lecteur pardonne-moi une fois encore, mais:
- je fais mes cartons, je cartonne en somme
- je travaille toute la journée et le soir venu
- je travaille encore, j'écris pour d'autres et
- je fais mes cartons

Et puis parfois, je dors.
Mais... je rattraperai le temps qui n'est jamais perdu.

13 octobre- Pensée du jour

De la bouche de la vérité, sortent souvent des enfants.